Fuite des cerveaux et création de richesse : au Parlement d’Ottawa, l’Afrique s’invite au cœur du débat mondial
Le 28 mai 2025, à l’occasion de la Journée de l’Afrique au Canada, le Parlement d’Ottawa a accueilli une table ronde de haut niveau sur un sujet aussi complexe que crucial : la relation entre la fuite des cerveaux et la création de richesse en Afrique. Modérée par Fatiha Charradi, directrice d’UM6P Canada, cette session organisée sous l’égide de l’Association Parlementaire Canada-Afrique (CAAF) a rassemblé diplomates, parlementaires, chercheurs et acteurs du développement autour d’un échange franc et éclairant.
Lors de cet échange, les panélistes ont exploré les mécanismes, les chiffres et les dynamiques profondes qui sous-tendent l’exode des talents africains – chercheurs, ingénieurs, médecins, entrepreneurs – attirés par des environnements professionnels plus stables et rémunérateurs. Le constat est sans appel : plus de 4,8 millions d’Africains diplômés vivent à l’étranger, et chaque année, près de 20 000 experts hautement qualifiés quittent le continent. Si cette réalité représente une perte nette pour de nombreux pays, elle ouvre aussi la voie à une réflexion stratégique sur la "brain circulation", un modèle de mobilité circulaire à fort potentiel de retour sur investissement humain et économique.
Le panel a mis en lumière l’apport considérable des diasporas africaines, non seulement à travers les transferts financiers – jusqu’à 3 % du PIB pour certains pays – mais aussi via la circulation des idées, des compétences et des réseaux. L’enjeu devient alors : comment transformer un point de fuite en point d’ancrage ? Comment instaurer une mobilité réellement bidirectionnelle, favorisant les retours temporaires, le co-développement de projets, le transfert de technologies et la montée en puissance de clusters d’innovation réunissant talents locaux et globaux ?
Dans ce contexte, UM6P Canada a été présenté comme un modèle vivant de cette synergie transcontinentale. Sa mission : catalyser les liens entre l’Afrique, le Canada et l’écosystème international, en particulier en misant sur des talents africains présents en Amérique du Nord. Cette approche s’inscrit dans une vision nouvelle du développement africain : non pas en rupture, mais en interaction constante avec les diasporas, les centres de recherche mondiaux, et les partenaires institutionnels du Nord.
Au cœur de cette conversation parlementaire, un message fort a émergé : l’Afrique ne manque pas de talents, mais de cadres propices à leur épanouissement local. Ce défi appelle une mobilisation conjointe : des politiques migratoires plus souples côté pays récepteurs, des mécanismes de rétention et d’attractivité renforcés côté pays d’origine, et des engagements concrets de la part des diasporas elles-mêmes pour devenir actrices du changement.